Non au TGV, Ni ici ni ailleurs

A propos de la percée d’un tunnel ferroviaire sous le col du Montgenèvre et
de la ligne à grande vitesse Marseille-Turin.

Texte paru en décembre 2012, à l’occasion d’un rassemblement NO TAV à Lyon. L’un des arguments de certaines composantes de l’opposition française à la ligne TGV Lyon Turin est de déplacer le tunnel dans les hautes alpes, parce que ça coûterai moins cher
Nous republions ce texte au moment où des élus font part de leurs volontés de relancer une énième fois le projet le projet de percée ferroviaire sous le Montgenêvre. L’électrification de la voie ferrée est d’ailleurs l’une des raisons évoquée quand à la construction des lignes THT dans la vallée de la Haute Durance, lignes dont les chantiers ont étés bloqués à maintes reprises par les habitants de la vallée en automne 2015

Les métropoles s’étalent et l’on construit sans cesse de nouveaux aéroports, de nouvelle
lignes TGV ou autoroutes, des lignes à haute tension et autres projets d’aménagements du territoire pour intensifier les flux de marchandises, aux détriments de celles et ceux qui
habitent sur ces territoires dévastés. Si au niveau « politique » un consensus s’est installé sur la nécessité de réaliser ces nouvelles infrastructures, les décideurs ne s’en heurtent pas moins aux résistances des populations locales. Les exemples ne manquent pas et les pratiques sont diverses.
On peut citer le projet d’aéroport de Notre dame Des landes, près de Nantes, où près de
2000 Ha de terres agricoles bocagères sont menacées. Les habitants sont en lutte contre ce monstre de béton depuis une quarantaine d’années, et cette lutte prend différentes formes : recours légaux, occupation illégale du terrain, sabotage, saccage de locaux, pressions sur les entreprises devant réaliser les études ou les travaux
D’une manière analogue, les habitants du Val de Suse, une région proche de Turin en Italie
combattent le projet de ligne LGV Lyon-Turin. Ce mouvement appelé No TAV (Non au
TGV) prend ses racines dans les années 1990. Aujourd’hui, les opposants organisent des
assauts contre le chantier qui a déjà commencé. Conscient de l’ampleur de la résistance, le gouvernement italien a décidé de militariser la zone et de protéger les travaux à l’aide de
barbelés ou de murs en bétons.
D’autres luttes existent, actuelles ou révolues, victorieuses ou non, comme celles contres les centrales nucléaires de Ploggof ou de Carnet, l’autoroute de Khimki en Russie, contre les lignes THT, l’exploitation des gaz de schistes, …

Souvent, il arrive qu’un projet fasse son apparition, disparaisse pendant des années,
réapparaisse, soit contesté, annulé ensuite puis qu’il revienne sous une autre forme. C’est le cas de la percée du tunnel du Montgenèvre, dans le département des Hautes Alpes, dont les origines remontent aux années 1860.

sabotage

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Genèse du projet

L’idée d’une percée sous le Montgenèvre est évoquée dès 1861 par un député haut alpin qui demandait la réalisation d’une ligne ferroviaire reliant Marseille à Turin. Une vingtaine
d’année plus tard, la ligne arrive jusqu’à Briançon. Largement soutenu par les élus locaux, le projet de tunnel est suspendu pendant les deux guerres puis est inscrit dans le traité de paix franco-italien en 1947. Mis entre parenthèse pendant quelques années, ce projet refait son apparition dans les années 70, avec cette fois ci la volonté de réaliser une autoroute, l’A51, reliant Fos sur mer à Turin
Les habitants manifestent leur hostilité à cette nouvelle tentative et obtiennent le classement de la vallée de la Clarée, concernée par la percée du tunnel, ce qui empêche l’autoroute de traverser les montagnes. Emilie Carles, institutrice dans la région, relate cette lutte dans son autobiographie «Une soupe aux herbes sauvages» . Elle déclare notamment : «Cette déviation s’ajoutera au reste, à la voie express et à la voie ferrée elle aussi prévue. Notre vallée ne sera plus qu’un immense couloir de béton, avec le bruit, l’odeur et la pollution. La Clarée deviendra comme la vallée de la Maurienne, un endroit mort où le feuillage est détruit, les moutons obligés de s’en aller ailleurs. C’est ça qu’ils doivent se mettre dans la tête, cette autoroute et tout ce qui va avec, ce n’est pas conçu pour le bien du village et pour le bien des paysans.».
L’autoroute A51 arrivera néanmoins en 1999 jusqu’à La Saulce, près de Gap. Le nouveau
tracé doit continuer jusqu’à Grenoble et est réalisé morceaux par morceaux. Il est encore la cible de contestations, que ce soit dans la vallée de Trièves ou ailleurs. Mis de côté pendant quelques années, les dirigeants semblent d’ailleurs s’y intéresser de nouveau.

C’est en 1983 que la percée ferroviaire sous le Montgenèvre refait son apparition, quand la
commune de Briançon met la main sur les anciennes études de la SNCF. En 1988 est créé le SETUMONT, le syndicat mixte chargé des études sur la percée du tunnel. Il regroupe les communes traversées par le projet de ligne TGV, ainsi que les régions et CCI françaises et italiennes
S’ensuivent plusieurs études, puis une conférence franco-italienne valide le projet de percée sous le Montgenèvre comme complément à l’axe Lyon-Turin en 1999. Le 15 janvier 2010, les collectivités ont alloué une enveloppe de 20 M€ pour les études de faisabilité
économique et technique du projet de tunnel ferroviaire du Montgenèvre. Le 23 octobre
2012 a été présenté les différents tracés possibles. La commission du débat public devrait
être saisie courant 2013, et les élus espèrent commencer les travaux rapidement pour une mise en service en 2020 (ndlr : la comission du débat public n’a toujours pas été saisie en 2015)
Le tracé le plus probable pour le tunnel serait de Briançon à Oulx. La ligne LGV traverserait le Val de Durance et le Val de Suse. Même si, comme disent les élus, « le premier coup de pioche est encore loin », nous ne pouvons pas attendre le début des expropriations ou du chantier pour nous y opposer.

Contre la ligne LGV et son monde

Les arguments des décideurs pour cette nouvelle ligne à grande vitesse sont sensiblement les mêmes que ceux pour le Lyon-Turin. Le désenclavement est souvent évoqué : non pas que ces vallées soient inaccessibles pour les personnes, mais elles représentent un obstacle pour les flux de marchandises qui vont de Lisbonne à Kiev. Les montagnes n’empêchent pas nos déplacements alors que voies ferrées et autoroutes quadrillent l’espace de lignes infranchissables.
De la même manière, les élus démontrent à l’aide d’une logique imparable que le fret
permettrait de résoudre les problèmes posés par les semi-remorques, alors que le col du
Montgenèvre leur régulièrement interdit. Leurs études tablent sur 100 trains par jour, c’est à dire un TGV tout les quart d’heure. C’est à se demander si l’on ne préfère pas les camions. Néanmoins la question n’est pas de savoir quelle est la meilleure manière pour transporter des marchandises . Il s’agit de remettre en cause nos modèles de production et de consommation, ce qui constitue apparemment une tâche plus ardue que le simple fait de transformer les montagnes en gruyère.
Un autre de leur argument est celui du tourisme, fortement lié à l’économie locale. Ce
discours intervient au moment ou il apparaît que l’or blanc n’est plus qu’un lointain mirage
Les montagnes sont parsemées d’édifices standardisés pour des vacances standards, enfin pour qui peut s’en donner les moyens. Mais les stations de sports d’hiver font faillite les unes après les autres, et l’on peut s’interroger sur les conséquences de plusieurs années de travaux dans la vallée pour le tourisme tant vanté.
En plus du désastre certain que représente la réalisation de cette ligne à grande vitesse, il faut y ajouter la construction d’une nouvelle ligne électrique à Très Haute Tension qui
mordrait sur les Écrins, ainsi qu’un permis de recherche de gaz de schiste récemment
découvert qui concerne le département des Hautes-Alpes. Certains initiateurs du projet de
percée sous le Montgenêvre envisagent déjà un gazoduc qui emprunterait le tunnel
La notion de vitesse n’est pas exempte de critique. Les déplacements rapides ne sont utiles que dans un monde où la vitesse prédomine et où notre quotidien n’est plus qu’une
succession d’immédiateté. Ce monde convient à des personnes pressées qui croulent sous le poids des contraintes, et qui si elles pouvaient l’éviter voyageraient d’une toute autre manière.

« Le seul intérêt général qui mérite d’être discuté en cette fin de siècle, c’est de tenter de mettre un terme au saccage de la vie, et non de gagner quelques dizaines de minutes pour passer la vallée du Rhône. Quant à la seule croissance qui mérite qu’on s’y arrête, c’est celle, qualitative, de l’existence humaine, la seule qui permette de sortir de cette obscure préhistoire économique. » Alliance pour l’opposition à toutes les nuisances, 1991

Des personnes s’opposent à des projets destructeurs dans de nombreux endroits . Trop
souvent la défense du territoire prime sur l’idéologie à combattre ; parfois, des composantes de l’opposition proposent ou soutiennent des projets « alternatifs », « moins coûteux », qui épargnerait leurs maisons mais sacrifierait celles des autres.
Au delà d’une lutte contre un projet d’aéroport ou une ligne à grande vitesse, il s’agit de
brèches qui s’ouvrent dans un monde que nous voulons voir s’effondrer.

Ni ici, ni ailleurs
Leurs projets ne sont pas les nôtres
Non aux projets de LGV Marseille-Turin, à la poursuite de l’A51, à la ligne THT Haute-
Durance. Non à tous les autres

Compilation de textes sur la lutte : Automne 2015

Une précédente compilation de texte de l’hiver-printemps 2015 est disponible ici

La nouvelle brochure reprend des textes, un communiqué, une chronologie in complète,et une liste incomplète des entreprises qui travaillent sur le projet.

Cette brochure ne se veut pas exhaustive, ni réprésentative du mouvement contre la THT. Elle en présente quelques facettes.

Si vous souhaitez en commander en version papier pour mettre dans vos infokiosques, écrivez à notht05 [chez] riseup.net  avec comme objet « commande brochure THT ». Nous vous les enverrons par voie postale, punk post, ou autre.

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por télécharger la brochure cliquez sur l’image

L’informatique : se défendre et attaquer version 3.0

Différentes versions sur : https://infokiosques.net/

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Cette brochure a été faite par désir de rassembler les connaissances théoriques et les outils pratiques actuellement les plus efficaces à nos yeux, pour utiliser l’informatique pour des activités sensibles, sans se faire avoir. Concrètement, ça implique d’être en mesure d’agir de manière anonyme, confidentielle et en laissant le moins de traces possible derrière nous. Sans ces précautions, inutile d’espérer déjouer longtemps la surveillance et la répression employées par les États et leurs classes dirigeantes pour continuer à exercer tranquillement leur domination.

Se réapproprier les outils informatiques, c’est comprendre pour mieux se défendre et… attaquer, mais c’est aussi se donner les moyens de pouvoir choisir en connaissance de cause, quand ne pas utiliser l’informatique.

Actualisé en juin 2015.

Sur la lutte contre la THT (MAT) en Catalogne

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Le texte qui suit est l’extrait d’une conversation publiée dans la revue Aversión, n°10, ici traduite de l’espagnol. Ce texte revient sur plusieurs expériences personnelles distinctes vis-à-vis de l’opposition à la construction de la ligne MAT et, de fait, expose une vision partiale des choses. Des documents ont été ajoutés pour la présente édition.
Les sigles MAT et THT recouvrent exactement la même chose, à savoir les lignes à Très Haute Tension. MAT est le sigle en langue espagnole et catalane, THT en français. Les différences s’arrêtent là. On ne trouve pas ici de réflexion spécifique sur la THT en tant que telle, mais un retour sur la lutte contre son implantation , et sur comment elle s’est développée.
Pour un apport théorique spécifique, vous pouvez vous référer aux textes existants sur la production énergétique et l’importance de l’énergie dans le maintien du capitalisme en tant que système interconnecté, sur les mouvements antinucléaires1 et anti-industriels qui nous amènent vers des critiques anti-autoritaires en paroles et en actes.
Il n’y a pas de monde libre possible avec le nucléaire, qui garantit au capitalisme une production énergétique croissante et concentrée, tout en octroyant à l’État une autorité qui se voudrait indéfectible pour la gestion des nuisances et menaces qu’il impose à toutes et tous.
L’ économie capitaliste doit, pour se survivre à elle-même, sans cesse accélérer et augmenter les flux. D’où les travaux pour les structures de transports rapides , le transport d’électricité et le culte de l’instantanéité.
C’est pourquoi, s’en prendre aux lignes à Très Haute Tension, c’est s’attaquer à ce qui nous nuit directement, mais c’ est aussi s’attaquer aux rouages de l’économie. En effet, le pouvoir du capitalisme et de l’État sont aussi dans leurs infrastructures.
Pour reprendre nos vies en mains.

compilation de textes NO THT

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RTE, tu m’auras pas!

à propos de la lutte en cours contre la Très Haute Tension (THT), le nucléaire et son monde en Haute-Durance

Depuis quelques années des collectifs, l’association Avenir Haute Durance et des individus s’expriment, s’organisent contre les projets de lignes à Très Haute Tension dans la vallée entre Gap et Briançon. Réseau de Transport Électricité (RTE) prend le prétexte d’une rénovation du réseau pour largement augmenter sa capacité.
Deux lignes THT aériennes (225000V) seraient donc créées : une première entre le poste de transformation de Pont Sarrazin et un poste en construction dans la zone de Pralong à Embrun et une seconde entre le poste du barrage de Serre-Ponçon et le poste de l’Argentière-la-Bessée. L’ancienne ligne à 125000V disparaitrait et celles à 63000V sont en cours d’enfouissement partielle. Une ligne à 63000V va aussi être créée entre L’argentière et Briançon en bonne partie aérienne.
Ce que l’on peut retenir de ces projets, c’est que RTE cherche à densifier et à augmenter la capacité de sa toile en créant des connexions nationales et internationales. Ceci en vue de faciliter les échanges et la spéculation sur le marché européen de l’énergie. Un autre projet de lignes THT est prévu en Maurienne pour une nouvelle interconnexion avec l’Italie. Les projets touchant la Haute Durance pourront eux aussi être reliés à cette interconnexion ou alors directement à l’Italie par Montgenèvre, même si RTE s’en défend.
Ces interconnexions permettent d’améliorer les échanges entre les pays qui se vendent mutuellement de l’électricité sur un marché très spéculatif. Ce que l’on voit à l’échelle européenne, c’est la volonté de construire un grand marché unique de l’électricité. La France qui grâce à ses centrales nucléaires peut produire une énergie massive et constante exporte plus qu’elle n’importe, mais à besoin d’électricité durant les pics de consommations, en particulier dans des régions déficitaires en production comme les Alpes où la consommation augmente monstrueusement pendant la saison des sports d’hiver. Ce pic correspond à l’augmentation massive de la population et à la consommation des stations de skis (remonte pente, pompage pour la neige artificielle, etc..). De plus, Rte table sur une forte augmentation de la consommation dans la vallée de la Haute Durance. Cette estimation permettrait d’avoir une marge suffisante pour développer de nouveaux projets touristiques dans la vallée (plus de canons à neige, de nouveaux complexes touristiques sur Vars-Risoul, etc..). La question est de savoir, si le tourisme est vraiment bénéfique pour la vallée et ses habitants ou si cela est nocif? Le tourisme nous rend complètement dépendant du bon état de l’économie capitaliste. Peut-être est-il temps de développer une autonomie, de reprendre nos vies en main.
Lorsque l’on regarde la carte nationale du réseau de RTE, on remarque qu’il manque des grosses capacité de transports d’électricité de ce côté-ci des Écrins. Les projets de la Haute Durance et de la Maurienne permettront donc de boucler tout ça en reliant notamment les centrales nucléaires du Rhône comme Marcoule à l’Italie par la vallée de Suse, mais aussi de relier la PACA aux Alpes, en pensant notamment à la centrale à bois de Gardanne ou au projet nucléaire ITER à Cadarache.
De la présentation du projet à la Déclaration d’Utilité Publique, la plupart des collectifs et l’association Avenir Haute Durance revendiquaient l’enfouissement des lignes THT. Aujourd’hui le discours a en partie changé, alors que le projet de construction de lignes aériennes commence. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’enfouissement de ces lignes. Comme on a pu le lire récemment , à propos de la nouvelle interconnexion à Très Haute Tension entre la France et l’Espagne, Valls rend hommage aux militants anti-THT qui ont permi que le projet soit enfoui? Victoire ou défaite? Lorsque l’on sait que du côté espagnol les lignes sont aériennes et que partout les luttes contres les projets capitalistes sont sévèrement réprimés par l’état. De plus, en aérien ou en souterrain, la question de la production et de la consommation d’électricité, en grande partie nucléaire, n’est pas posée.
L’autre question que pose les lignes THT enterrées comme aériennes est autour de la production de l’électricité et du modèle de société qui en découle. C’est par les infrastructures que le capitalisme et l’état étendent le contrôle sur nos vies, sur les rivières, les vallées, les fôrets. Toute chose doit être valorisée, tout est une marchandise.

Depuis décembre dernier, un collectif s’est formé autour de l’idée d’une manifestation contre les projets de lignes THT en Haute Durance, tout en les liant à la production d’électricité en général et au nucléaire en particulier. Ce dernier représente plus des deux-tiers de la production d’électricité en France. Cette manifestation a réuni 300 personnes et été suivi d’une assemblée. De cette assemblée est sortie des rencontres qui ont permis de relancer des collectifs locaux (Embrunais, pays des écrins, Guillestrois).
Depuis, des soirées ont été organisées avec des projections de films présentant d’autres luttes ( Remballe ton elek contre la THT et le nucléaire dans le Cotentin-maine, contre la THT en Catalogne, Poubelle la vie contre la poubelle nucléaire de Bure), une assemblée et un concert. L’objectif de ces soirées est d’avoir un moment de discussions et de rencontres dans la vallée, afin de pouvoir commencer à s’organiser, à se coordonner autour d’une assemblée horizontale contre les projets RTE, le nucléaire mais aussi contre le monde qui va avec.
Cette expression qui est reprise ces dernières années dans de nombreuses luttes, signifie qu’il y a une critique du monde qui produit et est produit par le projet, par l’infrastructure en question; que le problème ce n’est pas seulement la THT mais bien le monde qui découle des idéologies du progrès, de la marchandise et du contrôle.

Les assemblées de vallées pouvaient paraître parfois pas assez préparées, car on a souvent l’habitude des «réunions publiques». L’objectif de ces assemblées n’étaient pas seulement d’informer mais surtout de se retrouver, de discuter pour pouvoir s’organiser. L’assemblée horizontale, l’assemblée de coordination est un outil qui peut permettre de s’organiser de manière non-hiérarchique et directe, sans représentant afin de critiquer en paroles et en actes ce qui nous détruit, comme pour inventer des solidarités, des échanges hors du système marchand et étatique.
Beaucoup de propositions, de points de vues très différents, parfois divergents ont été exprimés lors de ces assemblées : être solidaire des personnes qui refusent les propositions de RTE, marcher le long du trajet, soutenir les initiatives locales de production d’électricité renouvelables, proposer une manifestation, appeler à une grève, bloquer les travaux… Reste maintenant à ce que ces idées continuent d’être mises en pratique, ce n’est qu’un début.
Autour de cette assemblée de vallée et des différents collectifs, différents outils ont été créés : des listes mails, un blog, un collectif imprimerie. Des liens se tissent de Briançon à Gap et au-delà. Des textes sont publiés, des livres, des brochures diffusés. Beaucoup portent l’adresse notht05@riseup.net comme une signature. Mais est-ce vraiment une signature? Cette adresse est un outil utilisé par différents individus, collectifs. Elle n’est pas l’expression d’une unité mais plutôt d’une multiplicité. L’expression “NO THT” se veut comme un clin d’œil à la lutte contre la Ligne à Grande Vitesse entre la France et l’Italie : le mouvement “NO TAV”. Le “No THT” doit appartenir à tous ou plutôt à personne. C’est l’expression de ceux et celles qui sont en lutte contre la THT et son monde, celles et ceux qui pensent que lutter permet d’en finir avec la résignation afin de se réappropriez sa vie.

Un-e de celleux contre la THT et bien plus!

 

[Ailleurs] Antinucléaires? Pas que!

« APPEL
Nous voudrions partir des discours portés par ce texte pour appeler à un large rassemblement. Nous ne voulons ni fonder un parti ni constituer des groupes d’activistes. Au contraire, nous voudrions par ce texte relancer une politique qui s’assume révolutionnaire. Qui permette d’afficher un commun dans différentes luttes en cours, mais un commun qui ne soit plus de slogan : « et son monde », « lutte contre les projets inutiles », mais qui soit un commun réfléchi et mis en oeuvre. Nous voyons trop clairement comment ces illusoires oppositions deviennent prépondérantes. Tout celles/ceux qui auront trouvés pertinentes les ambitions qui sont les nôtres sont les bienvenus pour discuter, depuis les bases affichés par ce texte, à la constitution d’une réflexion politique et d’un élan conséquent. Rencontrons-nous sur quelques jours Printemps 2015, dans l’ouest de la France. Pourrait se lier à ces rencontres une action d’envergure si nos énergies et nos enthousiasmes convergent et si le coeur nous en dit. »

L’assemblée antinucléaire de l’ouest
py l o n e s @ r i s e u p . n et – antitht.noblogs.org

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texte complet sur : https://nantes.indymedia.org/articles/29768

 

[Brochure] Retour sur la lutte antinucléaire dans l’Ouest (2011-2013)

« Introduction

Lorsque  les côtes japonaises sont envahies par le tsunami  du 11 mars
2011, la centrale  de  production d’électricité  nucléaire  de  Fukushima est
ensevelie. L’électricité  coupée, les systèmes de  secours d’électricité
inopérants, plus rien n’assure le refroidissement du mécanisme atomique. Son
explosion est le  début du processus d’éparpillement de  la radioactivité, qui
s’ancre  dans la terre, ne  se  dissout pas dans l’eau, pénètre  tous les corps, et
dure une éternité.

Ces éléments radioactifs altèrent les cellules et, immédiatement ou
lentement, nous tuent. Pour ceux qui restent sur place, il  faut se prémunir du
dehors. Craindre la pluie qui rabat au sol les particules, ne pas mettre ses mains
dans la terre qui les retient, se demander s’il est sain de toucher l’autre, qui est
peut­être  moins attentif que  nous; interroger son compteur Geiger avant de
déclarer supportable, tel endroit, tel aliment, tel jouet, tel être. Pour ceux qui
restent hors de  ces zones, il  leur faut craindre  qu’elles viennent à eux, par la
nourriture et tout ce qui y est produit et exportée, par ceux ­là mêmes qui en
sortent, par la confiance qu’on porte à la pertinence des délimitations de cette
zone, par le fait de n’habiter pas loin d’une centrale, parce qu’en ce sens nous
vivons tous en zone contaminée.

 

CouvRetourLutteAntinukeOuest2011-2013

(Pour télécharger la brochure cliquer sur l’image)

Mais cette contamination ne s’arrête pas là. Si le nucléaire s’immisce en
nous et nous ôte le poids de l’existence, ce n’est pas seulement qu’il nous tue,
mais tout autant qu’il gère nos vies. Cette machinerie a besoin de compétence,
de  science, de  matériaux, et donc d’une  gestion mondialisée des ressources
avec tout son lot de jeux de pouvoir, d’une éducation très spécialisée et d’une
main­d’œuvre qui prend des risques, d’une industrie énorme et qui consomme
beaucoup d’énergie, bref d’un système économique  dirigeant. Pour ne pas
exploser, il impose une attention à sa monstruosité et, dès lors, c’est ce que l’on
peut vouloir vivre  qui  est, pour toujours, déjà biaisé : la façon dont pourront
s’organiser les sociétés, les relations qu’on peut tisser avec ce qui  nous
environne, etc., et ceci, déjà, pour des milliers d’années. Atrophiant nos vies,
nos pensées, notre  liberté, le  nucléaire est installé en nous. Comment ne  pas
voir alors que, depuis l’exigence économique, c’est la science et l’organisation
étatique qui visent à se rendre nécessaires pour l’éternité ?

Lorsque Fukushima, (et partout où les vents et courants vont depuis lors),
est noyée sous l’irradiation, l’effroi  nous saisit pour ceux et celles qui  en
subissent directement le mal en leur corps et dans leurs conditions d’existence.
La rage  contre  celles et ceux qui  ont rendu cela nécessaire  nous envahit et,
comme  tant d’autres avant nous, nous voulons tenter à notre  tour de  nous
départir de cette horreur. Contre le nucléaire, civil, médical ou militaire, de son
origine dans l’exploitation qu’il impose aux terres, aux hommes et aux femmes
pour extraire  l’uranium puis l’utiliser dans son application et son insinuation
dans les corps et les pensées. Ainsi cette lutte ne peut être partielle pour nous ;
elle  est lutte  contre  le  nucléaire  et, par­là même, lutte  contre  l’organisation
sociale qui l’a rendu possible.

C’est ce  début de  lutte  (avec ses échecs et ses espoirs) que  nous, et
beaucoup d’autres, avons mené  dans le  Cotentin  depuis un an que  nous
voulons présenter ici. Non pas pour relater les faits et raconter l’histoire  une
fois de  plus mais pour chercher à analyser ce  que  fondamentalement nous
voulons dire de ce qui doit être l’enjeu d’une lutte antinucléaire. C’est une lutte
pour penser, car nos mots ne sont bien souvent pas les nôtres – ils portent des
idées que nous refusons1 –, ou que nous voulons du moins mettre en question.
C’est une lutte pour s’organiser, car nous espérons la communauté où chacun­e
puisse comprendre, discuter et décider. Une lutte émancipatrice ne peut avoir
d’autres bases. C’est une lutte frontale, un affrontement physique contre celles
et ceux qui protègent et rendent possible le nucléaire.

Dès lors, depuis cette  ambition, nous ne  pouvions nous retrouver dans
les propositions de  la contestation établie. En  effet, les deux propositions les
plus évidentes, pour qui  veut lutter contre  le  nucléaire, sont : ou bien
l’électoralisme, et la perspective  d’un accord politique  sur l’arrêt du nucléaire
civil  et militaire, à plus ou moins long  terme, et pour cela rejoindre  ou voter
pour Les Verts ; ou bien le  lobbyisme  et l’action citoyenne  en rejoignant
Greenpeace ou le réseau Sortir du nucléaire.

Mais plaider pour les Verts, c’est s’en remettre à la confiance qu’on peut
leur porter, et le moins que l’on puisse dire c’est que leurs forfaits à l’encontre
du mouvement antinucléaire  sont longs comme  le  panache qui s’échappe de
Fukushima2. Plus ils se  rapprochent du pouvoir et moins ils sont pressés d’en
finir avec le  nucléaire, et plus ils l’exercent et moins ce  sujet devient
problématique. Et pourtant ils continuent à jouir d’une aura heureuse dans le
mouvement antinucléaire. Devant la répression sans faille  de  l’État, devant la justice partiale, ils représenteraient, enfin, le recours de la démocratie. Comme
s’ils étaient la chance  de tout mouvement, la chance  de rendre  concrète  son
opposition, la chance  de  faire  venir directement au lieu  de pouvoir
l’antinucléaire, l’écologie, la chance de dépasser les intérêts économiques par la
volonté du peuple. Mais, tristement, nous n’avons pu que constater comment
les mouvements populaires n’ont toujours été  pour leurs dirigeants que  des
possibilités stratégiques dans leur lutte  en vue d’accéder aux « responsabilités ». Fondamentalement, nous voulons pouvoir décider nous mêmes
de  ce  qui  doit composer nos territoires et ne  pas espérer qu’un
capitalisme écologique soit plus heureux pour nos conditions d’existence.
Quant au « Réseau » ou à Greenpeace, nous ne pouvons nous accorder
avec cette  démarche. Car Greenpeace procède  par coups d’éclat, le  plus
souvent pour mettre en avant des failles de sécurité, renvoie  les actions à un
groupe  très restreint et dans un but publicitaire  qui  doit servir sa deuxième
activité, le  lobbyisme, c’est­à­dire à nouveau s’en remettre  aux décisions
politiques. Quant au Réseau, il  tend, lui, par le  biais d’actions citoyennes
(manifestations, actions symboliques, réunions publiques…), à faire tout autant
la publicité du slogan « non au nucléaire » qu’à rendre compte de l’impossibilité
d’agir concrètement contre  cette  industrie. De  fait, si  ces réseaux peuvent
compter des milliers de  sympathisants, leur pouvoir est celui  de  rejoindre  ou
non les initiatives, jamais de les proposer ; et si chacun des participants de ces
mouvements doit être  aussi  sincère  que  nous dans sa démarche, nous
préférons développer l’idée que c’est par nous­mêmes (et sans rien attendre de
ceux qui ont créé ce que l’on combat) que nous pourrons imposer la sortie du
nucléaire. Nous ne  croyons pas que  c’est par manque  d’information que  la
population ne  s’investit pas dans cette  lutte mais que c’est plutôt à cause  du
manque de consistance de ces luttes. Il nous faut nous organiser ensemble pour
développer enfin  le sentiment que  nous pouvons avoir prise  directement sur
notre manière de vivre et empêcher les décisions que nous refusons de voir
s’appliquer.

Nous avons donc voulu  relancer cette  idée  de  la lutte, et nous l’avons
tenté dans la région la plus nucléarisée de France, la Manche. Le nucléaire y est
là­bas roi, non pas parce que la population y adhère mais parce que le constat
de son évidence est ressenti comme une fatalité. Son contrôle économique est
total, il  pourvoit en emploi  et arrose  les municipalités très largement en subventions. Toutes les expérimentations y sont permises : entre  l’usine de
retraitement des déchets, l’EPR  en construction, les réacteurs en
fonctionnement à Flamanville et les larges étalages de lignes Très Haute Tension
qui traversent la région, c’est tout l’environnement du pays qui dit le nucléaire.
Il  y a eu de  nombreuses luttes, de  différentes formes, de  l’action directe  à
l’action en justice ; il  y a eu plusieurs études, qui  montrent comment la
population est affectée par les cancers plus que partout ailleurs. Alors comment
ne  régnerait­il  pas là­bas le  sentiment d’apathie  de  ceux qui  se  savent
définitivement abandonnés et impuissants ? Il est clair que seul un mouvement
d’ampleur et inscrit sur le long terme pourrait insuffler à nouveau l’énergie vers
une  lutte  antinucléaire. Dès lors, notre  ambition a d’abord été  de  frapper un
grand coup, pour montrer qu’une communauté peut par l’action mettre à mal
au moins un instant l’arrogance  nucléaire ; puis pour dire  qu’il  est possible
d’étouffer économiquement cette  industrie  en agissant dans la durée sur les
points faibles de la machine nucléaire. En effet les transports par routes et rails
sont plus facilement perturbables tant la distance à surveiller est démesurée ;
et, de même, la construction des pylônes de THT, et ceux qui sont déjà en place,
peuvent être  l’objet d’infinis sabotages tant leur nombre  est immense. Mais
plus que les actions, c’est à travers la construction d’un mouvement que
pourrait passer la pertinence de  cette  lutte, c’est­à­dire  la réappropriation
ensemble de nos facultés de discussion, de décision.

Le  récit et l’analyse  qui  suivent d’une  année  et demie passée à se
détacher du fatalisme  ambiant en matière  de  nucléaire  sont d’abord le  fruit
d’une complicité et d’une concertation entre quelques personnes qui y ont pris
part. Les usages du « nous » dans le texte qui suit sont donc à entendre en en
distinguant au moins trois sortes. Il y a le « nous » des collectivités de lutte que
nous avons traversées et dans lequel  nous reconnaissons avoir pris part
pleinement. Il  y a parfois le  « nous »  qui  fait référence  à des complicités
informelles que nous avons connues, qui  sont partagées à la fois au­delà du
groupe des rédacteurs de ce texte et qui ne se confondent pas avec la totalité
des collectivités en lutte. Il y a enfin le « nous » des rédacteurs, ce groupe de
complices qui  prend parti à travers ce  texte et qui avait besoin de prendre  le
temps du recul pour tirer quelques enseignements sur l’aventure  collective  à
laquelle nous continuons à prendre  part. Sans faux espoirs, mais avec la
détermination qu’impose  l’époque. Clarifier formellement la nature de ces
« nous » dans le corps du texte ne pouvait qu’alourdir sa lecture. Nous avons le
sentiment qu’avec un minimum d’attention leur nature apparaîtra évidente au
lecteur.

Il  faut enfin  signaler que si  ce  texte  est uniquement assumé  par ses
rédacteurs, nous avons toutefois souhaité qu’au cours de l’écriture nous soient
renvoyés des avis de  la part d’une assemblée de  complicités plus large, qui a
pris forme après l’action anti­THT de Montabot en juin 2012. Cette assemblée,
qui cherche encore son identité et ses objectifs, est née du besoin de prendre
un recul réflexif par rapport à l’urgence  « activiste »  dans laquelle  nous nous
laissons facilement enfermer, en même  temps que  d’une  nécessité  à prendre
parti  « contre  le  nucléaire  et son monde ». Au­delà d’un slogan qui  peut vite
sonner aussi  creux que  « pour l’arrêt immédiat du nucléaire », il  s’agit
d’affirmer, par nos faits et gestes, qu’une lutte contre le nucléaire est forcément
déjà une tentative  de  rupture, pas à pas, avec notre  incarcération dans le
monde de l’économie et de l’industrie.  »

 

[Brochures] Société Nucléaire

Un texte de Roger Belbéoch publié pour la première fois en 1990.

« L’adoption de l’énergie nucléaire tant civile que militaire et sa mise en œuvre rapide se placent dans la logique du développement industriel. Elle mène cette logique jusqu’à un point limite qui confère à cette société certains caractères particuliers permettant de parler de société nucléaire. Que celle-ci s’instaure ou non dépend de forces antagonistes qui freinent ou accélèrent le processus. »

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Téléchargeable sur infokiosques.net