Terrorisme d’Etat, toujours plus (sur la réforme pénale en cours de vote)

Repris du site http://cettesemaine.info/breves

Réforme pénale : les contrôles d’identité pourraient durer quatre heures
AFP, 03/03/2016 à 03:15
La mesure a été votée par les députés dans le cadre de la réforme pénale post-attentats.

L’Assemblée nationale a voté mercredi 2 mars la création d’une possible retenue administrative de 4 heures après un contrôle d’identité, le temps de vérifier la situation d’un individu dans le cadre de la lutte antiterroriste, à l’occasion de l’examen du projet de réforme pénale. Lors d’un contrôle ou d’une vérification d’identité, les forces de l’ordre pourront retenir une personne « lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement est lié à des activités à caractère terroriste », le temps de vérifier des fichiers de police ou d’interroger des services à l’origine d’un signalement de l’intéressé [c’est-à-dire par exemple tous les fichés S]. Cette retenue, sur place ou dans un local de police, ne pourra excéder quatre heures. Elle pourra éventuellement déboucher sur une garde à vue.

Le procureur de la République sera informé sans délai d’une telle retenue, il pourra y mettre fin à tout moment. En vertu d’un amendement socialiste, il devra donner son accord exprès au préalable pour la retenue d’un mineur. Face à des critiques venant principalement de députés à gauche sur cette mesure phare du projet de loi, examiné en première lecture, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a martelé qu’il s’agissait de pouvoir « prévenir le risque terroriste ».

Contrôle administratif pour des individus de retour du djihad

Les députés ont également approuvé la possibilité d’un contrôle administratif pour des individus de retour du jihad, contre lesquels il n’y aurait pas d’éléments suffisants pour justifier une mise en examen. Ils pourraient ainsi être assignés à résidence durant un mois, devoir signaler leurs déplacements ou encore déclarer leurs identifiants électroniques. « Dans le doute, nous ne pouvons laisser sans surveillance ces personnes, le temps de réunir d’éventuelles preuves contre elles pour saisir la justice », a fait valoir Bernard Cazeneuve, évoquant « 30/40 » cas actuellement. Une partie de la gauche s’est là aussi opposée à ce contrôle, traduit comme un « nouveau transfert » du judiciaire vers l’autorité administrative, tandis que les élus Les Républicains ont eux cherché à aller plus loin.


 

L’Assemblée vote un usage assoupli des armes
AFP, 02/03/2016 à 22:49

L’Assemblée nationale a voté, ce soir, l’assouplissement des règles d’usage des armes par les forces de l’ordre, dans le cadre du projet post-attentats de réforme pénale examiné en première lecture. A côté des cas de légitime défense, un nouveau régime d’irresponsabilité pénale doit bénéficier aux policiers, gendarmes, douaniers et militaires qui auront fait un usage de leur arme en cas « d’absolue nécessité » contre quelqu’un qui vient de commettre ou tenter de commettre un meurtre et qui s’apprête à recommencer.

Cette mesure clé du projet de loi de « lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement » vise « à sécuriser l’action des forces de l’ordre » lors du « périple meurtrier » de personnes, comme ce fut le cas lors des attentats de janvier et novembre 2015, a dit le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a promis des actions de formation et d’entraînement. Face aux critiques de certains à gauche, Bernard Cazeneuve a assuré que sa mesure était « loin d’un permis de tuer ». Elle ne s’appliquera pas par exemple à « un braqueur en fuite » qui a tué « par voie de conséquence de son action principale », c’est-à-dire son méfait.


 

Les autres mesures
Antiterrorisme : les grandes mesures de la réforme pénale
AFP, 18h13, le 01 mars 2016

Fouilles, rétention et perquisitions de nuit : des possibilités élargies

La réforme élargit la possibilité pour les policiers et gendarmes de fouiller bagages et véhicules, sous l’autorité du préfet et non plus du procureur, « aux abords des installations, d’établissements ou d’ouvrages sensibles ». En résumé, le texte donne la possibilité pour les officiers de police judiciaire de procéder également à l’inspection visuelle et à la fouille de bagages en plus des contrôles d’identité et de la visite des véhicules.

Elle permet aussi aux forces de l’ordre, lors d’un contrôle d’identité, de retenir une personne « lorsqu’il y a des raisons sérieuses de penser que son comportement est lié à des activités à caractère terroriste, le temps nécessaire à l’examen de sa situation ». Cette retenue ne pourra excéder quatre heures.

Les perquisitions de nuit, jusqu’alors réservées aux juges, pourront désormais être ordonnées dans les enquêtes préliminaires du parquet pour « prévenir un risque d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique ».

Interceptions : de nouvelles mesures d’investigation

Le texte donne au parquet et aux juges d’instruction l’accès à de nouvelles mesures d’investigation en matière de communication électronique. Les magistrats auront donc aussi accès à de nouvelles techniques comme les « ’Imsi-catcher’, qui interceptent les communications dans un périmètre donné en imitant le fonctionnement d’un relais téléphonique mobile ».

L’administration pénitentiaire pourra également avoir recours aux techniques utilisées par les services de renseignement, comme les micros et les caméras.

Quand le harcèlement policier t’emmène en prison

Trouvé sur le site du Daubé.

Mercredi 15 avril 2015

Briançon: rixe avec des policiers, prison ferme pour un seul prévenu

On s’est déjà fait contrôler d’autres jours et ça ne s’est jamais passé comme ça », remarque un des quatre prévenus, jugés en comparution immédiate, hier, devant le tribunal correctionnel de Gap, pour outrage, rébellion et violences. Un contrôle qui cette fois a dégénéré et qui a mené deux policiers briançonnais à l’hôpital, dimanche 12 avril. Dans la salle d’audience, l’un des deux fonctionnaires arbore une minerve, le second s’aide d’une béquille pour se déplacer. Face à eux, les quatre auteurs présumés des faits sont alignés dans le box des accusés. Leur visage juvénile trahit leur âge (18 à 20 ans), tout comme « leur impulsivité », relevée par le procureur de la République, Raphaël Balland, en préambule de ses réquisitions. Prise de parole sans y être invité, doigt levé pour réagir aux propos rapportés. S’ils « reconnaissent à 80 % les faits », les jeunes Briançonnais ne veulent plier. Ils sont victimes, selon eux, de contrôles intempestifs.
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Une interpellation qui tourne court

Leur présence dans cette impasse, située derrière la MJC de Briançon et voisine de l’école, lieu où se sont déroulés les faits, avait déjà fait l’objet de plusieurs inquiétudes… Nuisances sonores, jets de mégots… Les directeurs de l’école et de la MJC cherchaient même une solution pour occuper “ces anciens élèves”. Jusqu’alors, selon plusieurs témoignages, ils s’étaient toujours montrés polis. Jusqu’à ce dimanche après-midi où les policiers reçoivent un appel pour un rodéo de scooter, dans l’impasse en question. « Au début, l’intervention était courtoise, assure le brigadier-chef, une des deux victimes. Ils ont rattrapé le chien, baissé la musique. » Puis, une voiture rouge s’engage dans la rue en prenant le sens interdit. Les policiers décident de contrôler le conducteur qui descend, énervé. Le ton monte. « Il a dit “Vous commencez à casser les couilles de venir nous contrôler tous les jours”, rapporte le brigadier-chef. Et il a commencé à faire des doigts d’honneur aux CRS qui étaient à la fenêtre de leur bâtiment. J’ai finalement pris la décision de l’interpeller pour outrage. » Une interpellation qui tourne court. Le jeune homme se débat. Le policier prend un premier coup au visage, tombe au sol avant d’être de nouveau frappé. Il désigne plusieurs auteurs dont le principal, Christophe Boyer. Seulement, à la barre, ce dernier affirme qu’il n’y a que lui. « Les autres n’ont rien fait. » Une solidarité à toute épreuve, une « loyauté de voyou », assure M. le procureur lors de ses réquisitions, lequel s’interroge encore quant à la culpabilité des deux autres dans les coups portés aux deux policiers. Lors de son intervention, le second a pris un violent coup de pied dans le tibia.

Christophe Boyer est finalement embarqué au poste, cet après-midi-là. Il sera rejoint plus tard par ses trois autres camarades, accusés d’avoir jeté des pierres aux CRS, venus en renfort dans l’impasse. En garde à vue, deux des quatre jeunes Briançonnais, visiblement excédés, s’en prennent à leur geôle et arrachent le montant de la fenêtre.

« La tempe n’est pas loin du nez, ça aurait pu être plus grave »

Pour l’avocat de la partie civile, Me Philip, « les faits sont inadmissibles. On doit respecter les policiers même si on n’est pas en accord avec eux. »

De son côté, le procureur de la République s’inquiète de « voir qu’on en vienne, dans une ville comme Briançon, à péter le nez d’un policier […] La tempe n’est pas loin du nez, ça aurait pu être plus grave ». « Il faut que vous réfléchissiez à ce que vous venez de faire », demande le représentant du ministère public aux quatre prévenus.

Mais l’un des conseils de la défense, Me Martin, souligne des potentiels dysfonctionnements lors de l’enquête : « Je pense simplement qu’il y a un fond de vérité dans ce que disent ces jeunes. » Notamment sur le fait que « les policiers victimes sont entendus par leur collègue. Il y a forcément une subjectivité ».

Après plus de trois heures d’audience et une demi-heure de délibération, le tribunal a rendu sa décision. Christophe Boyer est condamné à six mois de prison dont trois avec sursis. Il a été écroué dans la foulée. Le conducteur de la voiture écope de six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Tandis que les deux autres sont condamnés à six mois de prison avec sursis, assortis de 210 heures de travaux d’intérêt général.

[Etat assassin] Tags à Briançon

« Interpellé après les tags sur la sous-préfecture et le commissariat de police

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L’auteur des inscriptions virulentes peintes à la bombe sur la sous-préfecture et le commissariat de Briançon, dans la nuit de dimanche à lundi, a été interpellé ce jeudi après-midi par la police nationale.

L’homme, âgé de 23 ans, et sans domicile, a aussi reconnu d’autres faits. Ceux datant du 22 novembre sur le commissariat et la gare de Gap. Le jeune homme sera convoqué devant le tribunal correctionnel de Gap, le 19 mars prochain. Il risque une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 euros. »

le 11/12/2014 sur le site du Daubé.

 

« L’auteur des tags insultants sur la sous-préfecture a « agi sous l’impulsion de la colère »

«Je ne regrette pas. Écrire sur des murs peut choquer. Les Briançonnais ont vu ou entendu parler de ces inscriptions. Et pour une fois ça dérange alors que dans des manifestations les paroles n’ont pas de suite. Comme pour celles concernant Rémi [Rémi Fraisse, un jeune manifestant écologiste de 21 ans tué sur le site du barrage de Sivens, NDLR]. Qu’est-ce que les manifestations ont changé ? », témoigne Marc*. L’auteur des tags sur le commissariat et la sous-préfecture de Briançon nous a contactés à la suite des faits qui se sont déroulés dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 décembre. À la bombe, il avait inscrit avec des mots virulents : “La police assassine” “L’État collabore, insurrection”. D’autres ont aussi été tagués, le 22 novembre dernier, sur le commissariat et la gare SNCF de Gap.

* Prénom d’emprunt

le 25/12/2014 toujours sur le site du Daubé