Soirée contre la THT le 19/02/2016 dans les Cévennes

Soirée de soutien à la lutte contre la ligne Très Haute Tension de la vallée de la Haute Durance
Vendredi 19 février,  à l’Etuve, Pont d’Herault (Gard)
Ouverture des portes à 17h. Cette discussion sera suivie d’une cantine, puis  d’une soirée avec quelques groupes de musique : Dialcaloiz (rock valsusa) et Puzz Mama/Chiar/Alpha (rap).  Adhésion libre.

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La Durance est une rivière qui prend source dans les Hautes Alpes, pas loin de Montgenèvre, juste à côté de la frontière italienne. C’est un torrent capricieux qui traverse Briançon, est retenu par le barrage de Serre Ponçon, passe près de Gap puis se jette dans le Rhone près d’Avignon. La vallée de la Haute Durance est parsemée de glaciers et de lacs, entre d’un côté les Ecrins et de l’autre le Queyras. C’est aussi un endroit qui a subi l’industrialisation, puis l’aménagement du territoire dirigé vers la conquête des espaces enneigés.

Depuis quelques années, une opposition se dessine face à l’État et RTE qui envisagent de rénover le circuit d’alimentation électrique entre Gap et Briançon, en y ajoutant notamment 2 lignes très haute tension (THT) à 225 000V, avec des possibilités futures de raccordement avec l’Italie. En plus d’être une artère du nucléaire, ces lignes hautes tensions fourniraient la capacité énergétique au développement futur de la vallée avec ce qu’il comporte comme  dégâts liés à l’économie du tourisme et à l’échange de marchandises. Certains élus fantasment d’ailleurs sur une hypothétique ligne TGV.

Les raisons qui poussent les habitants à se mobiliser sont multiples, que ce soit par opposition au nucléaire, contre les pylônes qui défigurent les paysages, faces aux risques liés à la santé ou contre la métropolisation de l’espace. En plus des habituels recours juridiques déposés par les associations, des habitants s’organisent pour faire face à l’avancement des travaux. Des collectifs locaux se sont formés le long des 80km du tracé de cette ligne et se réunissent régulièrement en assemblée de vallée afin de se rencontrer, échanger, et élaborer des possibilités pour stopper ce projet.

Les travaux de déboisement ont commencé cet automne et la mobilisation s’est amplifiée tous azimuts. Des manifestations de plusieurs centaines de personnes se sont déroulées le long du tracé, de nombreux blocages de chantiers ont eu lieu, des nouveaux collectifs se sont créés et les actions se multiplient sous diverses formes. La pression des forces de l’ordre sur les opposants s’est aussi accentuée, le préfet a interdit toute manifestation anti THT pendant l’état d’urgence… qui ont pour la plupart quand même eu lieu.

Cette soirée sera donc l’occasion de raconter ces expériences, de parler du redémarrage des travaux au printemps, d’évoquer les limites des luttes de territoires pour en imaginer les dépassements.

Plus d’infos : notht05.noblogs.org

Soirée et assemblée contre la THT le 29 et 31 janvier

affiche_soiree29012016_2 - CopyVENDREDI 29 à partir de 19h30 :
Rencontres et échanges avec des personnes qui ont participé à la lutte anti-tht du Cotentin au Maine entre 2005 et 2014.
La discussion aura lieu autour d’extraits d’un recueil sonore enregistré sur le vif de cette lutte. Les extraits sélectionnés nous parleront des moments de la construction de la ligne ainsi que des pratiques de luttes et de résistances. L’expérience, les échanges, les récits de cette lutte contre la Très Haute Tension sur un autre territoire, nous permettrons de questionner, d’aiguiser nos pratiques pour ici et maintenant.

« Ce travail a commencé en 2013 à la fin de la lutte sur le terrain de la construction de la ligne T.H.T; Cotentin Maine dans l’idée d’écrire une histoire sur le vif de cette lutte en réalisant des entretiens par les gens directement impactés par la réalisation de la ligne THT. […]
Par ailleurs, l’idée est ne pas écrire l’histoire officielle, celle des autorités, des préfets et des médias dominants que l’on considère subjective, partielle et partiale. c’est une histoire que l’on pense populaire, du point de vue de celles et ceux qui n’ont pas la parole […] une histoire des opprimés pas des dominants.  »

Compilation de textes sur la lutte : Automne 2015

Une précédente compilation de texte de l’hiver-printemps 2015 est disponible ici

La nouvelle brochure reprend des textes, un communiqué, une chronologie in complète,et une liste incomplète des entreprises qui travaillent sur le projet.

Cette brochure ne se veut pas exhaustive, ni réprésentative du mouvement contre la THT. Elle en présente quelques facettes.

Si vous souhaitez en commander en version papier pour mettre dans vos infokiosques, écrivez à notht05 [chez] riseup.net  avec comme objet « commande brochure THT ». Nous vous les enverrons par voie postale, punk post, ou autre.

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por télécharger la brochure cliquez sur l’image

Chronologie Automne 2015

Cette chronologie n’est pas complète, de nombreuses autres actions ont eu lieu : des blocages de chantier, de pistes d’accès, des poses de banderoles, des marquages de chantier effacés, des rassemblements, des tags…

19-20 septembre : Week-end contre la THT
Le dimanche une manifestation réunie 500 personnes. Les grilles du chantier de l’Héliport de Rte à St Crépin sont renversées par les manifestant-e-s. La nationale est bloquée a deux reprises. Un RG chassé de la manif. Quelques tags décorent les abords de l’aérodrome.

30 octobre : blocage de chantier à St Apollinaire avec une dizaine de personnes.
Deux machines sont déjà à l’arrêt : du sucre aurait été versé dans leurs réservoirs.

3 novembre: blocage de chantier à Réallon à une quarantaine de personnes.
3 personnes embarquées en contrôle d’identité.

8 novembre : marche autour du chantier à Réallon, assemblée.
600 personnes présentes. Les piles de troncs sont étalées sur les pistes.

10 novembre : blocage à Réallon. Une personne est convoquée à la gendarmerie d’Embrun. Des personnes se réunissent l’après-midi pour la soutenir. Pas de suite.
Blocage du chantier de la 63000V à St Martin de Queyrières, une vingtaine de personnes.

11 Novembre : rassemblement à Puy Sanière : Pique-nique, discussion. No THT est écrit avec des pierres.

12 novembre : blocage à St Martin de Queyrières avec une quinzaine de personnes
-80 opposant-es se rendent au conseil municipal de L’Argentière

13 Novembre :des opposant-e-s se rendent au conseil municipal de Réotier (La commune de Réotier se fait payer une salle à 250000euros par RTE)

18 novembre : blocage du chantier à Puy ST Eusèbe une vingtaine de personnes.
Les personnes refusent de déclarer leur identité aux flics. Des troncs, des grosses pierres sont balancées sur les pistes. Les gendarme n’auront aucune identité et se vengeront en convoquant une personne qui sortait ses poubelles.

23 novembre : le Préfet interdit toutes les manifestations contre la THT. Des tracteurs de déboisements ont été sabotés dans la nuit du 18 au 19.

24 novembre :blocage du chantier à St clément sur Durance. Une cinquantaine de personnes. Une trentaine de gendarmes tentent des les contrôler. Refus collectif, les bloqu-eur-euse-s font bloc. Aucun contrôle. Le préfet Besnard accorde une rencontre le lendemain à la préfecture de Gap.

25 novembre : Le préfet annule le rendez-vous des machines ont été saboté pendant la nuit.

2 décembre : trois blocages de chantier ont lieu dans la vallée en même temps. À Puy Sanière, à St Clément, et à Chorges où les manifestants ralentissent l’arrivée d’un camion à béton (pour couler les fondations de pylônes). Des gendarmes casqués et avec des boucliers chargent et gaz. Une personne est interpellée puis relâchée.

7 décembre : un camion de la société Allamano qui construit des pistes pour le chantier a eu ses pneus crevés, ses vitres brisées à l’Argentière.

9 décembre : une soixantaine de personnes bloquent plusieurs heures sur la nationale un convoi de préfabriqués destinés à créer des bureaux pour Rte à l’aérodrome de St Crépin.
L’après-midi un chantier de déboisement est bloqué à Châteauroux les Alpes.

12 décembre : un rassemblement interdit par la préf’ réuni près de 200 personnes à Gap.

Emission de Radio Galère

Non aux lignes THT en Hautes-Alpes, avec le Collectif No THT 05

à réécouter sur le lien suivant : https://youtu.be/eQsCWJb32_E

Sous couvert de rénovation d’anciennes lignes HT, le Réseau de Transport d’Électricité (RTE), filiale d’EDF, a en vue de construire deux nouvelles lignes THT entre Gap et Briançon en Hautes-Alpes, de 225 000 volts chacune, avec possibilité d’augmentation jusqu’à 400 000 volts, soit 330 pylônes en pleine montagne.

Notre invité fait partie du collectif No THT 05, opposant à ce projet.

Avec lui nous décrivons ce projet, son historique, ses impacts sur l’environnement, la santé et sur l’avenir de la région.

Nous décryptons les liens entre ce projet, la politique énergétique de la France et la poursuite inchangée de sa production électro-nucléaire, et plus généralement son insertion dans le vaste programme transeuropéen de réseaux « intelligents » dans le domaine de l’énergie.

Bonne écoute !

« La Demi Heure Radio-active »
émission animée par le Collectif Antinucléaire 13 sur Radio Galère
88.4 fm à Marseille ou sur www.radiogalere.org
les 2ème et 4ème mardis du mois, à 14h15 en direct
et le jeudi en rediffusion de 12h à 12h30

ou en réécoute sur www.radiogalere.org/

et toutes nos émissions depuis juin 2011 à réécouter à partir de notre blog
https://collectifantinucleaire13.wordpress.com/

Sur la lutte contre la THT (MAT) en Catalogne

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Cliquer sur l’image pour télécharger

 

Le texte qui suit est l’extrait d’une conversation publiée dans la revue Aversión, n°10, ici traduite de l’espagnol. Ce texte revient sur plusieurs expériences personnelles distinctes vis-à-vis de l’opposition à la construction de la ligne MAT et, de fait, expose une vision partiale des choses. Des documents ont été ajoutés pour la présente édition.
Les sigles MAT et THT recouvrent exactement la même chose, à savoir les lignes à Très Haute Tension. MAT est le sigle en langue espagnole et catalane, THT en français. Les différences s’arrêtent là. On ne trouve pas ici de réflexion spécifique sur la THT en tant que telle, mais un retour sur la lutte contre son implantation , et sur comment elle s’est développée.
Pour un apport théorique spécifique, vous pouvez vous référer aux textes existants sur la production énergétique et l’importance de l’énergie dans le maintien du capitalisme en tant que système interconnecté, sur les mouvements antinucléaires1 et anti-industriels qui nous amènent vers des critiques anti-autoritaires en paroles et en actes.
Il n’y a pas de monde libre possible avec le nucléaire, qui garantit au capitalisme une production énergétique croissante et concentrée, tout en octroyant à l’État une autorité qui se voudrait indéfectible pour la gestion des nuisances et menaces qu’il impose à toutes et tous.
L’ économie capitaliste doit, pour se survivre à elle-même, sans cesse accélérer et augmenter les flux. D’où les travaux pour les structures de transports rapides , le transport d’électricité et le culte de l’instantanéité.
C’est pourquoi, s’en prendre aux lignes à Très Haute Tension, c’est s’attaquer à ce qui nous nuit directement, mais c’ est aussi s’attaquer aux rouages de l’économie. En effet, le pouvoir du capitalisme et de l’État sont aussi dans leurs infrastructures.
Pour reprendre nos vies en mains.

THT Baixas-Bescano : sous la ligne, il y a des hommes

THT Baixas-Bescano : sous la ligne, il y a des hommes

20 MAI 2015 | PAR FELIP CAZAL

DOSSIER COMPLET SUR https://blogs.mediapart.fr/blog/felip-cazal/200515/tht-baixas-bescano-sous-la-ligne-il-y-des-hommes

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La ligne à très haute tension (400 000 Volts) de Baixas (Pyrénées-Orientales) à Bescanó (province de Gérone) a été officiellement inaugurée le 20 février 2015. Pendant quinze ans, des citoyens se sont élevés au Sud comme au Nord des Pyrénées contre ce projet. Ils défendaient les paysages, l’environnement, la santé des populations mais ils affirmaient aussi un choix de société : à une politique énergétique mue, selon eux, par le mercantilisme, ils ont opposé une vision durable et l’intérêt des usagers.

Ce dossier a été réalisé par Michel Maners et Philippe Cazal.

Le projet de ligne très haute tension (THT) Baixas-Bescanó (1) est apparu en 2001, lors d’un accord franco-espagnol. L’Union européenne a fixé en 2002 un objectif d’interconnexion entre les pays membres de 10 % des réseaux d’ici 2020 et parle de 15 % en 2030. Les gouvernements français et espagnol se sont concertés, à de nombreuses occasions, pour aborder la manière de réaliser cette politique, en ce qui concerne les échanges entre les deux pays.

Baixas

Baixas

La traversée des Pyrénées par l’électricité n’est pas nouvelle, avec à ce jour 41 connexions transfrontalières, mais il s’agissait pendant longtemps uniquement de lignes haute tension. Avant le projet qui vient d’être inauguré, seules deux lignes très haute tension existaient : la plus ancienne par le Col d’Ares (Prats-de-Molló, Pyrénées-Orientales), qui va de La Gaudière (près de Lézignan-Corbières, Aude) à Vic (province de Barcelone) en passant par Baixas (près de Rivesaltes) ; la deuxième par la côte basque, entre Cantegrit (Bayonne) et Hernani (province de San Sebastián), passée en THT en 1971.

Depuis longtemps RTE et REE (2) cherchent des sites pour renforcer l’interconnexion et les projets se sont souvent heurtés à l’opposition des populations concernées. En 1984, un projet par le Pays Basque a vite été abandonné. En 1996, le projet Cazaril-Aragon, par la Vallée du Louron (Hautes-Pyrénées), est abandonné alors que les travaux ont déjà commencé côté espagnol. A la même époque un tracé par le Couserans (Ariège/Haute-Garonne) fait long feu.

15 ans de lutte sans relâche

Le projet de ligne THT par les Albères était, paraît-il, dans les cartons de RTE (et de REE ?) depuis les années 1980. Quand il apparaît au grand jour en 2001, il soulève tout de suite une forte opposition : le collectif « Non à la THT » se constitue en Catalogne Nord, regroupant des associations et des individus ; le collectif « No a la MAT » se constituera un peu plus tard en Catalogne Sud.

Au fil des luttes les deux collectifs se coordonnent plus ou moins. En France, les élus se regroupent au sein du Sydeco THT 66 (Syndicat de défense des communes contre la THT). Des manifestations sont organisées, avec succès : 10 000 personnes le 31 mai 2003 à Perpignan, 1 500 le 19 octobre à Gérone, 6 000 le 31 janvier 2004 à Perpignan, 4 000 à Céret en septembre 2004, 5 000 au Perthus début 2005, 15 000 à Perpignan le 1er mars 2008, 12 000 à Gérone le 30 mars 2008.

En France, conformément à la loi sur les grands projets, un « Débat Public » a lieu de mars à juillet 2003 sur le projet de ligne en aérien. Il met en évidence la forte opposition de la population et des élus. Même si les conclusions d’un Débat Public n’ont qu’un caractère consultatif, la pression de l’opinion publique et des élus est assez forte pour que le gouvernement français demande fin 2003 à RTE de retirer le projet initial.

A ce moment-là, RTE étudie la possibilité de doubler la ligne existante de 400 KV (3) entre La Gaudière et Vic (par le Col d’Ares), mais évoque aussi une bifurcation de cette ligne en Vallespir, entre Corsavy et Montferrer vers le Mont Capell (commune de Saint-Laurent-de-Cerdans) puis côté espagnol vers Maçanet de Cabrenys, Darnius et Figueres. Une façon d’essayer de contourner l’opposition au tracé par le Perthus.

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Mais l’opposition ne faiblit pas. Le 12 août 2004, 14 maires du Vallespir signent le « Serment de Montferrer », par lequel ils s’engagent à refuser toute discussion séparée avec RTE (comme l’avaient fait, à travers le Sydeco, les maires de la plaine). Comme on l’a vu, les manifestations continuent. A cette époque, RTE dit qu’enterrer la THT est « techniquement impossible et trop coûteux ». Et une étude d’une ligne sous-marine estime que celle-ci coûterait 150 fois plus cher que l’aérien.
De Montferrer devait partir la bifurcation de la ligne Baixas-Vic vers le Mont Capell.
Le déblocage de la situation s’annonce avec la nomination en septembre 2007, comme coordonnateur du projet, de Mario Monti, ancien commissaire européen au Marché intérieur puis à la Concurrence. Monti préconise d’enterrer la ligne. Il est probable que la participation financière de l’Union européenne ait alors été avancée pour convaincre les gouvernements français et espagnols.

En janvier 2008, Nicolas Sarkozy et José Luis Rodríguez Zapatero, lors d’un sommet franco-espagnol, annoncent leur volonté de réaliser le projet. En février, Jean-Louis Borloo, ministre français de l’Écologie (4), dit que l’enfouissement de la ligne est à l’étude. En juin, c’est Mario Monti qui annonce la décision de l’enfouissement entre Baixas et Santa Llogaïa. A partir de là, côté français, une concertation (5) avec RTE se déroulera, en 2009 et 2010 (un nouveau Débat Public n’ayant pas été jugé opportun). A travers un travail en commission, élus et représentants des associations pourront poser un certain nombre de questions, en particulier sur les conséquences de la ligne sur la santé et sur l’environnement.

 

La station de conversion de Baixas, point de départ de la nouvelle ligne THT.

La station de conversion de Baixas, point de départ de la nouvelle ligne THT.

Pas question, par contre, de discuter du tracé en plaine, non négociable. Mais le débat a réellement eu lieu sur le tracé à travers les Albères : à la demande de la société civile, la version de tranchée sur pistes forestières a été abandonnée et le choix s’est porté sur un passage en tunnel.

En Catalogne Sud, le combat continue pour que la ligne soit enterrée jusqu’à Bescanó. Mais le gouvernement espagnol et la Généralité (6) ne veulent rien entendre. Les opposants se battent aussi pour que le tracé respecte des distances de sécurité par rapport aux maisons, ce qui ne sera pas toujours le cas, loin de là.

Les travaux ont démarré en 2012. Aujourd’hui, la ligne va rentrer en service. Nous donnons la parole, ci-après, à quelques uns de ceux qui, au Sud et au Nord, se sont battus contre ce projet.

1) THT (très haute tension) ou MAT (molt alta tensió).

2) RTE (Réseau de Transport d’Électricité) en France, REE (Red Eléctrica de España) en Espagne, sont les entreprises qui détiennent le monopole du transport d’électricité.

3) 400 KV (Kilo Volts) = 400 000 Volts.

4) Plus précisément, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement et de l’Aménagement durables.

5) Sur la concertation, voir le dossier du Débat Public : http://www.debatpublic.fr/node/1196

6) Le gouvernement autonome catalan.

 

DOSSIER COMPLET SUR https://blogs.mediapart.fr/blog/felip-cazal/200515/tht-baixas-bescano-sous-la-ligne-il-y-des-hommes

Projection de « Remballe ton Elek » à Briançon

VENDREDI 27 MARS De 20h à 22h30

Projection et débat autour du documentaire « remballe ton elek » : sur la lutte contre le nucléaire et la THT Cotentin-Maine.
Un point sera fait sur la lutte contre le projet de lignes à Très Haute Tensionn Haute Durance

En partenarait avec le CNT-AIT de Gap, prix libre

C’est où?
à La Muse Gueule 4 rue du pont d’asfeld 05100 Briançon
Tél: 04 92 20 93 90
http://lamusegueule.eklablog.com/

Plus d’infos sur le site de l’assemblée anti-tht et antinucléaire de Montabot antitht.noblogs.org

AGmars2015

 

[Brochure] Retour sur la lutte antinucléaire dans l’Ouest (2011-2013)

« Introduction

Lorsque  les côtes japonaises sont envahies par le tsunami  du 11 mars
2011, la centrale  de  production d’électricité  nucléaire  de  Fukushima est
ensevelie. L’électricité  coupée, les systèmes de  secours d’électricité
inopérants, plus rien n’assure le refroidissement du mécanisme atomique. Son
explosion est le  début du processus d’éparpillement de  la radioactivité, qui
s’ancre  dans la terre, ne  se  dissout pas dans l’eau, pénètre  tous les corps, et
dure une éternité.

Ces éléments radioactifs altèrent les cellules et, immédiatement ou
lentement, nous tuent. Pour ceux qui restent sur place, il  faut se prémunir du
dehors. Craindre la pluie qui rabat au sol les particules, ne pas mettre ses mains
dans la terre qui les retient, se demander s’il est sain de toucher l’autre, qui est
peut­être  moins attentif que  nous; interroger son compteur Geiger avant de
déclarer supportable, tel endroit, tel aliment, tel jouet, tel être. Pour ceux qui
restent hors de  ces zones, il  leur faut craindre  qu’elles viennent à eux, par la
nourriture et tout ce qui y est produit et exportée, par ceux ­là mêmes qui en
sortent, par la confiance qu’on porte à la pertinence des délimitations de cette
zone, par le fait de n’habiter pas loin d’une centrale, parce qu’en ce sens nous
vivons tous en zone contaminée.

 

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(Pour télécharger la brochure cliquer sur l’image)

Mais cette contamination ne s’arrête pas là. Si le nucléaire s’immisce en
nous et nous ôte le poids de l’existence, ce n’est pas seulement qu’il nous tue,
mais tout autant qu’il gère nos vies. Cette machinerie a besoin de compétence,
de  science, de  matériaux, et donc d’une  gestion mondialisée des ressources
avec tout son lot de jeux de pouvoir, d’une éducation très spécialisée et d’une
main­d’œuvre qui prend des risques, d’une industrie énorme et qui consomme
beaucoup d’énergie, bref d’un système économique  dirigeant. Pour ne pas
exploser, il impose une attention à sa monstruosité et, dès lors, c’est ce que l’on
peut vouloir vivre  qui  est, pour toujours, déjà biaisé : la façon dont pourront
s’organiser les sociétés, les relations qu’on peut tisser avec ce qui  nous
environne, etc., et ceci, déjà, pour des milliers d’années. Atrophiant nos vies,
nos pensées, notre  liberté, le  nucléaire est installé en nous. Comment ne  pas
voir alors que, depuis l’exigence économique, c’est la science et l’organisation
étatique qui visent à se rendre nécessaires pour l’éternité ?

Lorsque Fukushima, (et partout où les vents et courants vont depuis lors),
est noyée sous l’irradiation, l’effroi  nous saisit pour ceux et celles qui  en
subissent directement le mal en leur corps et dans leurs conditions d’existence.
La rage  contre  celles et ceux qui  ont rendu cela nécessaire  nous envahit et,
comme  tant d’autres avant nous, nous voulons tenter à notre  tour de  nous
départir de cette horreur. Contre le nucléaire, civil, médical ou militaire, de son
origine dans l’exploitation qu’il impose aux terres, aux hommes et aux femmes
pour extraire  l’uranium puis l’utiliser dans son application et son insinuation
dans les corps et les pensées. Ainsi cette lutte ne peut être partielle pour nous ;
elle  est lutte  contre  le  nucléaire  et, par­là même, lutte  contre  l’organisation
sociale qui l’a rendu possible.

C’est ce  début de  lutte  (avec ses échecs et ses espoirs) que  nous, et
beaucoup d’autres, avons mené  dans le  Cotentin  depuis un an que  nous
voulons présenter ici. Non pas pour relater les faits et raconter l’histoire  une
fois de  plus mais pour chercher à analyser ce  que  fondamentalement nous
voulons dire de ce qui doit être l’enjeu d’une lutte antinucléaire. C’est une lutte
pour penser, car nos mots ne sont bien souvent pas les nôtres – ils portent des
idées que nous refusons1 –, ou que nous voulons du moins mettre en question.
C’est une lutte pour s’organiser, car nous espérons la communauté où chacun­e
puisse comprendre, discuter et décider. Une lutte émancipatrice ne peut avoir
d’autres bases. C’est une lutte frontale, un affrontement physique contre celles
et ceux qui protègent et rendent possible le nucléaire.

Dès lors, depuis cette  ambition, nous ne  pouvions nous retrouver dans
les propositions de  la contestation établie. En  effet, les deux propositions les
plus évidentes, pour qui  veut lutter contre  le  nucléaire, sont : ou bien
l’électoralisme, et la perspective  d’un accord politique  sur l’arrêt du nucléaire
civil  et militaire, à plus ou moins long  terme, et pour cela rejoindre  ou voter
pour Les Verts ; ou bien le  lobbyisme  et l’action citoyenne  en rejoignant
Greenpeace ou le réseau Sortir du nucléaire.

Mais plaider pour les Verts, c’est s’en remettre à la confiance qu’on peut
leur porter, et le moins que l’on puisse dire c’est que leurs forfaits à l’encontre
du mouvement antinucléaire  sont longs comme  le  panache qui s’échappe de
Fukushima2. Plus ils se  rapprochent du pouvoir et moins ils sont pressés d’en
finir avec le  nucléaire, et plus ils l’exercent et moins ce  sujet devient
problématique. Et pourtant ils continuent à jouir d’une aura heureuse dans le
mouvement antinucléaire. Devant la répression sans faille  de  l’État, devant la justice partiale, ils représenteraient, enfin, le recours de la démocratie. Comme
s’ils étaient la chance  de tout mouvement, la chance  de rendre  concrète  son
opposition, la chance  de  faire  venir directement au lieu  de pouvoir
l’antinucléaire, l’écologie, la chance de dépasser les intérêts économiques par la
volonté du peuple. Mais, tristement, nous n’avons pu que constater comment
les mouvements populaires n’ont toujours été  pour leurs dirigeants que  des
possibilités stratégiques dans leur lutte  en vue d’accéder aux « responsabilités ». Fondamentalement, nous voulons pouvoir décider nous mêmes
de  ce  qui  doit composer nos territoires et ne  pas espérer qu’un
capitalisme écologique soit plus heureux pour nos conditions d’existence.
Quant au « Réseau » ou à Greenpeace, nous ne pouvons nous accorder
avec cette  démarche. Car Greenpeace procède  par coups d’éclat, le  plus
souvent pour mettre en avant des failles de sécurité, renvoie  les actions à un
groupe  très restreint et dans un but publicitaire  qui  doit servir sa deuxième
activité, le  lobbyisme, c’est­à­dire à nouveau s’en remettre  aux décisions
politiques. Quant au Réseau, il  tend, lui, par le  biais d’actions citoyennes
(manifestations, actions symboliques, réunions publiques…), à faire tout autant
la publicité du slogan « non au nucléaire » qu’à rendre compte de l’impossibilité
d’agir concrètement contre  cette  industrie. De  fait, si  ces réseaux peuvent
compter des milliers de  sympathisants, leur pouvoir est celui  de  rejoindre  ou
non les initiatives, jamais de les proposer ; et si chacun des participants de ces
mouvements doit être  aussi  sincère  que  nous dans sa démarche, nous
préférons développer l’idée que c’est par nous­mêmes (et sans rien attendre de
ceux qui ont créé ce que l’on combat) que nous pourrons imposer la sortie du
nucléaire. Nous ne  croyons pas que  c’est par manque  d’information que  la
population ne  s’investit pas dans cette  lutte mais que c’est plutôt à cause  du
manque de consistance de ces luttes. Il nous faut nous organiser ensemble pour
développer enfin  le sentiment que  nous pouvons avoir prise  directement sur
notre manière de vivre et empêcher les décisions que nous refusons de voir
s’appliquer.

Nous avons donc voulu  relancer cette  idée  de  la lutte, et nous l’avons
tenté dans la région la plus nucléarisée de France, la Manche. Le nucléaire y est
là­bas roi, non pas parce que la population y adhère mais parce que le constat
de son évidence est ressenti comme une fatalité. Son contrôle économique est
total, il  pourvoit en emploi  et arrose  les municipalités très largement en subventions. Toutes les expérimentations y sont permises : entre  l’usine de
retraitement des déchets, l’EPR  en construction, les réacteurs en
fonctionnement à Flamanville et les larges étalages de lignes Très Haute Tension
qui traversent la région, c’est tout l’environnement du pays qui dit le nucléaire.
Il  y a eu de  nombreuses luttes, de  différentes formes, de  l’action directe  à
l’action en justice ; il  y a eu plusieurs études, qui  montrent comment la
population est affectée par les cancers plus que partout ailleurs. Alors comment
ne  régnerait­il  pas là­bas le  sentiment d’apathie  de  ceux qui  se  savent
définitivement abandonnés et impuissants ? Il est clair que seul un mouvement
d’ampleur et inscrit sur le long terme pourrait insuffler à nouveau l’énergie vers
une  lutte  antinucléaire. Dès lors, notre  ambition a d’abord été  de  frapper un
grand coup, pour montrer qu’une communauté peut par l’action mettre à mal
au moins un instant l’arrogance  nucléaire ; puis pour dire  qu’il  est possible
d’étouffer économiquement cette  industrie  en agissant dans la durée sur les
points faibles de la machine nucléaire. En effet les transports par routes et rails
sont plus facilement perturbables tant la distance à surveiller est démesurée ;
et, de même, la construction des pylônes de THT, et ceux qui sont déjà en place,
peuvent être  l’objet d’infinis sabotages tant leur nombre  est immense. Mais
plus que les actions, c’est à travers la construction d’un mouvement que
pourrait passer la pertinence de  cette  lutte, c’est­à­dire  la réappropriation
ensemble de nos facultés de discussion, de décision.

Le  récit et l’analyse  qui  suivent d’une  année  et demie passée à se
détacher du fatalisme  ambiant en matière  de  nucléaire  sont d’abord le  fruit
d’une complicité et d’une concertation entre quelques personnes qui y ont pris
part. Les usages du « nous » dans le texte qui suit sont donc à entendre en en
distinguant au moins trois sortes. Il y a le « nous » des collectivités de lutte que
nous avons traversées et dans lequel  nous reconnaissons avoir pris part
pleinement. Il  y a parfois le  « nous »  qui  fait référence  à des complicités
informelles que nous avons connues, qui  sont partagées à la fois au­delà du
groupe des rédacteurs de ce texte et qui ne se confondent pas avec la totalité
des collectivités en lutte. Il y a enfin le « nous » des rédacteurs, ce groupe de
complices qui  prend parti à travers ce  texte et qui avait besoin de prendre  le
temps du recul pour tirer quelques enseignements sur l’aventure  collective  à
laquelle nous continuons à prendre  part. Sans faux espoirs, mais avec la
détermination qu’impose  l’époque. Clarifier formellement la nature de ces
« nous » dans le corps du texte ne pouvait qu’alourdir sa lecture. Nous avons le
sentiment qu’avec un minimum d’attention leur nature apparaîtra évidente au
lecteur.

Il  faut enfin  signaler que si  ce  texte  est uniquement assumé  par ses
rédacteurs, nous avons toutefois souhaité qu’au cours de l’écriture nous soient
renvoyés des avis de  la part d’une assemblée de  complicités plus large, qui a
pris forme après l’action anti­THT de Montabot en juin 2012. Cette assemblée,
qui cherche encore son identité et ses objectifs, est née du besoin de prendre
un recul réflexif par rapport à l’urgence  « activiste »  dans laquelle  nous nous
laissons facilement enfermer, en même  temps que  d’une  nécessité  à prendre
parti  « contre  le  nucléaire  et son monde ». Au­delà d’un slogan qui  peut vite
sonner aussi  creux que  « pour l’arrêt immédiat du nucléaire », il  s’agit
d’affirmer, par nos faits et gestes, qu’une lutte contre le nucléaire est forcément
déjà une tentative  de  rupture, pas à pas, avec notre  incarcération dans le
monde de l’économie et de l’industrie.  »